Event > Hail Satan

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Cela faisait déjà plusieurs semaines que cet événement était marqué d’une croix noire dans les agendas des partisans du mal dont je faisais parti. Les messes noires étaient assez discrètes depuis quelques temps mais les choses bougent assez vite en notre faveur et il est temps de donner un petit coup de collier. J’étais de loin, moi et mes jeunes frères, l’un des plus légitimes à me rendre à cet événement qui prône cette idéologie que je traîne depuis la nuit des temps. Détruire toute création divine pour répandre le mal était ce qui faisait ma raison d’être depuis que l’homme a posé les pieds sur le premier carré de sable en mésopotamie. Jeune démon que j’étais à l’époque, je pensais que la seule et unique puissance venait de Lucifer, cet archange déchu, ce roi indiscutable du monde souterrain, enfin cela c’était bien avant que mes propres idéaux ne germent alors que l’humanité se construisait petit à petit. J’étais l’incarnation de la perfection, peu importe le royaume, et il était devenu presque une évidence que cette couronne soit mienne. Les siècles de silence et de manigances n’ont fait que renforcer mon désir de dominer les enfers et mettre un terme au règne de Lucifer. Quelqu’en soit les moyens, même si pour cela je dois décimer l’humanité moi même, même si je dois faire une restructuration de l’enfer moi même. Aujourd’hui il était temps de profiter du peu d’humains et sorciers qui osent profaner leur stupidité de Dieu unique et leurs croyances ancestrales pour enfin admettre la toute puissance de notre race et de notre future domination qui n’a fait que retarder depuis des millénaires. Deux milles cinq cents ans que j’attends que l’humanité ne se consume dans ses propres péchés et soit à l’origine de sa propre perte. J’attendais beaucoup des cavaliers, War et Pestilence avaient leur rôle à jouer dans cette extinction proche.

Comme toujours, j’étais très ponctuel. Vêtu d’un costume trois pièces noir, parfaitement bien présentable comme tout bon prince se doit de l’être, comme la beauté se doit de briller lorsque l’on incarne la beauté et la perfection ultime. Tel un roi je marchais le long de cette immense allée, jetant quelques regards hautains à ces pêcheurs encapuchonnés, je savais qu’aucun n’était là pour moi mais que tous savaient qui j’étais. Enfin, la majorité, ce qui ne faisait que renforcer ma position au sein de cette assemblée noire. L’Anthéchrist. Si seulement Lucifer cessait de vouloir asseoir sa descendance sur cette humanité en perdition et laissais l’occasion au vrai souverain de prendre siège, nous ne serions pas ici à attendre que le déluge ne ravage le monde. Egal à moi même je me montrais silencieux, m’installant au premier rang, là où peut ont le privilège de se rendre. J’attendais que Caym montre le bout de son nez, je ne l’avais pas revu depuis des mois et je ne connaissais pas son nouveau vaisseau, mais il saurait bien me trouver de lui même. Dans ces moments là je ne faisais jamais en sorte de masquer mon aura démoniaque qui devait émoustiller certains sorciers et ce prêtre un peu trop sûr de lui alors qu’il n’est qu’un misérable pion sur cet échiquier dont il n’a absolument pas conscience. Sous mon règne, seuls les démons auront la suprématie, les sorciers seront asservis à mon pouvoir et à mes volontés, il est invraisemblable de laisser ces hommes avoir un semblant de confiance en une quelconque assise de puissance. Assis au fond de mon siège, la tête haute, j’attendais que le discours d’accueil ait lieu, que tous se réunissent et que des démons familiers viennent montrer leur allégeance, que je sache quels seront mes principaux ennemis.

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Remettant en place son costume, Caym observait la foule qui se pressait dans ce théâtre. Foule de moutons aux esprits aussi limités que tous ceux du genre humain. Je n’avais que peu d’intérêt pour la plupart des sorciers, je ne les considérais que comme des armes bonnes à utiliser mais que l’on pouvait jeter en cas de besoin. J’avais parfois rencontré quelques individus de leur genre qu’il avait été intéressant de garder à mon côté, que j’avais su rallier à la cause de mon Prince. Ces quelques lignées étaient les seules que je considérais comme plus que de simples armes. Des soldats, mes soldats. Et ma loyauté envers mes hommes valait celle que je portais à Azazel depuis presque le début de mon existence. Pratiquement 1300 ans de dévotion et certains tentaient encore de faire de moi le soldat d’un autre. Nombreux avaient tenté, une fois de plus, de chercher à me dévoyer, à me rallier à la cause de Satan et j’avais été ravis de leurs rires au nez. J’en avais prévenu mon Prince d’un coup de téléphone, la seule raison pour laquelle je ne l’avais pas rencontré était dû à mon temps d’adaptation à ce nouveau corps et à cette nouvelle vie bien remplie. J’avais tout de même la vengeance de mon hôte à accomplir, ce qui demandait un peu de travail pour éviter que tout cela ne remonte jusqu’à moi. L’auteur principal avait déjà payé de sa vie. Infiltrer les rêves de son partenaire de cellule avait été des plus simples, le pousser à commettre un meurtre presqu’aussi facile que d’appuyer sur un interrupteur pour allumer la lumière.

Je ne comptais pas cacher mon visage. Je n’étais pas un soldat de l’ombre pour mon Prince, d’autres faisait ce travail à ma place. Comme à mon habitude, j’étais tiré à quatre épingles, vêtu d’un costume de qualité et je descendais les rangs en observant les murmures qui parcouraient l’assemblée. Quelques instants plus tard, je saisissais l’énergie d’Azazel, un sourire venant effleurer discrètement mon visage. Il ne se cachait pas, s’amusait à émoustiller ces jeunes âmes de part sa présence. Je me dirigeais vers lui, assuré, ravis d’enfin le revoir. Assis au premier rang, il fixait ce prêtre qui ressemblait davantage à mon prochain dîner qu’à autre chose, j’observais le profil de son nouveau corps. Comme à son habitude, il avait choisi un hôte qui lui permettait de mettre en avant sa perfection. Il avait toujours eux bon goût quand il s’agissait d’hôtes qui devaient être plus qu’un simple véhicule. Je me glissais sur le deuxième rang, pour m’asseoir derrière lui avant de me pencher pour murmurer à son oreille.

-« Mon Prince, cet hôte vous va à ravir. Tu devrais peut-être te saisir d’un ou deux de ces sorciers, je suis sûr que certains te prêteraient allégeance sans plus y sourciller dans cet habit. »

Vouvoiement, tutoiement, ce n’était que des injonctions sociales sur lesquelles je jouais depuis longtemps. Si nous n’avions pas été entouré d’autant de monde, je me serais assis à côté de lui, mais ce soir je n’étais que son serviteur, son général, son ombre. Je venais pour saisir l’étendu de la communauté démoniaque, identifier ceux qui gênerais la progression de mon Prince et me décider sur de potentielles victimes.

-« Je ressens le besoin viscéral d’humilier ce prêtre. J’ai beau considérer Satan comme un incapble, je le pensais plus intelligent quand il s’agissait de choisir ses représentants. Celui-là est … ridicule. »

Il n’y avait pas d’autres mots pour décrire Henry Peterson. Ou en tout cas, rien de bien plus élogieux.

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Un léger sourire venait illuminer le visage de mon hôte au compliment de mon démon préféré. Oh si seulement il savait que je fais des efforts pour trouver une coquille corporelle qui lui plaise autant à lui qu’à moi il aurait été certainement surpris. Ses paroles n’étaient pas tombées dans l’oreille d’un sourd, cela m’avait même fait légèrement pivoter pour pouvoir voir ce qu’il se passait derrière moi. Lui aussi avait définitivement bon goût. Cet hôte je l’avais déjà vu quelques part dans des affiches ou des flyers vantant les mérites de taux d’emprunts à se rouler par terre. L’excellence est décidément un point que nous avons en commun depuis tout ce temps. La recherche insatiable du meilleur hôte, de la meilleure situation, du corps le plus robuste et de l’âme la plus facile à manipuler. Ce petit cocktail rendait notre duo absolument merveilleux et attisait autant la convoitise que la colère chez certains de nos démons respectifs. Je vois que tu as aussi très bon goût. Je suis très satisfait que certaines choses ne changent pas Caym.  Je compte bien me trouver quelques partisans ici et là, après tout je leurs fait l’honneur de ma présence. et c’était en effet quelque chose de remarquable. Je bougeais rarement pour des événements comme cela mais celui ci était important quoi que l’on puisse en penser.

Une voix féminine vint ensuite appuyer les propos de Caym ainsi que mes propres pensées. Je n’avais pas su retenir un rire à l’idée que nous ne sommes pas les seuls à trouver la prestance de ce prêtre proche du néant en matière d’élégance. A croire que Lucifer prends vraiment ce qui traîne dehors au lieu de faire un minimum de choix respectable.J’ignorais que ses affaires étaient si catastrophiques que cela. C’est certain que ce n’est plus que c’était. Regardez moi ça … même un animal de basse cours aurait plus de prestance que cette immondice humaine qui se pense intelligent et voué à une cause importante alors que toutes les personnes ici présentes dépassent allègrement son imaginaire. Pathétique. et je n’étais pas connu pour mâcher mes mots ni même masquer mes airs condescendants quand ceux-ci étaient mérités. Cela dit, les mots de la jeune femme étaient bien venus jusqu’à mes oreilles. Je peux accomplir bien plus de choses que les gens ici présents peuvent imaginer, et avec le soutien de Caym, nous ferons de l’enfer, l’empire le plus puissant qui ait jamais existé, le plus glorieux que personne ne peut encore imaginer. Mon ambition est à la hauteur de ma puissance et de mon rang. Princier. Bientôt royal. Assis au fond de ce banc j’écoutais alors une femme venir faire son discours. Beaucoup mieux, plus fluide, plus de persuasion. Une réelle aptitude à communiquer ses idées avec un ton qui se prête aisément à l’écoute. Proposer des corps résistants pour les démons, quelle idée merveilleuse. Je pourrais enfin savourer le plaisir de porter l’un deux pendant une période longue sans que celui ci ne meurt et ne se dégrade. Un bon point.

Tuer des personnes pour la gloire de Satan? Assurément. Mais cela va évidemment servir mes intérêts personnels avant tout et accessoirement continuer de me caser dans la boîte des fervents serviteurs du Roi actuel le temps que je bricole et finalise mes petites affaires. Mais soit, courbons le dos quelques temps encore avant de proclamer sa force. Je dois grandir en terme d’influence et trouver des partisans avant de me lancer à corps perdu dans un coup d’état qui pourrait me coûter beaucoup trop. Un léger sourire moqueur se figea de nouveau sur mon visage quand ce guignol de prêtre prit la parole. Il l’avait choisi à merveille pour passer pour un défilé de kermesse plutôt qu’une messe sombre comme elle se doit de l’être. Réellement pitoyable. D’un mouvement lent et calculé avec soin je me levais après le discours du second. Plus classieux même s’il reste un pauvre humain lamentable.  Enfin une idée intelligente, je commençais à désespérer et à réellement penser que je ne faisais que perdre mon temps ce soir. Alors effectivement, trouver une stabilité pour l’enveloppe corporelle des démons est une idée que je soutiens et à laquelle je souhaite donner tous les moyens possibles pour que les sorciers puissent réussir. Moi, Azazel, premier prince des enfers, représentant du péché de l'orgueil tristement incarné par votre “prêtre”, vous donne ma parole que les objets seront retrouvés en temps et en heure. Je mettrais mes alliances à leurs recherches. Je ne tolérerais aucun échec, cela va sans dire. alors que je continuais de parler je me rendais en direction de cet autel, utilisant mon pouvoir pour faire grandir les flammes des bougies de manières démesurée en parfaite synchronisation avec mes pas qui résonnent alors dans ce théâtre silencieux. Ils voulaient de la prestance, ils en auront.

Nous avons perdus beaucoup trop de temps pour des futilités, des sorciers sont à l’oeuvre pour déjouer nos plans, sans parler de ces imbéciles de chasseurs qui imaginent une seule seconde pouvoir sauver leur pitoyable existence. Sacrifions ! Faisons couler le sang des brebis pures pour abreuver le mal. tel un chef d’orchestre je me permettais de prendre le devant de la scène, de porter mon regard sur chacune des personnes présentes dans la salle. Le buste droit, la voix forte et assurée, mon aura à son apogée, je voulais éblouir ces sorciers et adeptes. Les démons ne sont que minoritaires ce soir, mais je vous assure sur mon nom que ce qui doit être fait le sera, que nous serons aptes à prêter une alliance avec les sorciers qui méritent leur rang parmi nous. Sachez que je récompenserai personnellement ceux qui sauront donner une gloire à cette quête. Que le mal triomphe … A la fin de toutes choses et mon regard venait se poser sur mon général qui lui connaissait mes désir de puissance et ma soif de pouvoir. Si il était temps pour nous de trouver des partisans, je devais alors faire ce qu’il fallait pour susciter l’admiration et l’envie de me suivre.