Nouvelle-Orléans, Louisiane, 14 novembre 2018

Il s'en est passé des choses ses dernières semaines, peut être un peu trop, et ton esprit de journaliste s'était aiguisé, pour tenter de démêler le vrai du faux, de l'information et de l'intox à propos de l'incendie de la maison Pitiot. La conférence du maire n'avait pas été très reluisante pour son petit blason, il avait été plus que décevant dans ses réponses dignes des plus belles langues de bois qu'un politicien pouvait donner. Pourquoi est ce qu'il y a eu un incendie ? Il ne sait pas vraiment dire, si cela n'est qu'une négligence, un soucis électrique, un accident donc, ou même si c'est volontaire. Il n'en dit rien, pas assez à ton goût pour être satisfaite. Qu'est ce que cache le Lombardini ? Tu ne sais pas, mais tu es bien décidée à chercher d'avantage. Il aimerait peut être que tu lances une campagne pour l'aider à avoir de l'argent pour le reconstruction. Peut être, tu ne sais pas, mais si tu n'es pas totalement hostile, tu n'es guère convaincue, alors tu ne vas pas t'amuser à jouer les avocats du diable concernent le sort qui devrait lui être réservé. Quid des disparus ? Difficile à dire là aussi, il ne donne que quelques miettes, insuffisantes évidemment là aussi. Si l'incendie avait une importance, les disparus en avaient encore plus et là aussi il avait botté en touche. Il va falloir que tu les retrouves et que tu leur poses quelques questions, comme ça, tranquillement, sans en avoir l'air. Tu sais y faire, mais tu ne sais pas quel traumatisme ils ont pu avoir durant leur détention, alors sans doute qu'il faudra prendre quelques pincettes.

Ainsi donc, tu as tout cela dans un coin de ta tête depuis le début du mois. Tu fais ton boulot comme d'habitude, mais si une opportunité se présente à toi, alors tu essayeras de la saisir. Pour le moment, tu n'as croisée aucun des disparus, mais tu sais que la chance va tourner à un moment ou un autre, raison pour laquelle tu te décides à aller chez le disquaire. Tu ne sais pas si tu as envie de nouveautés, ou de vieilleries à vrai dire, mais ça n'a pas d'importance, tu flânes dans les rayons à la recherche d'une potentielle perle rare, et c'est là qu'Alaïs apparaît devant toi. Tu lui souris un bref instant, tu lui fais un petit signe de tête aussi, pour lui dire comme bonjour, une approche en douceur alors que devant vous se trouve une belle flopée de vinyles.

Nouvelle-Orléans, Louisiane, 14 novembre 2018
Certaines choses devraient restées secrètes, ne devraient pas sortir de l'ombre, devraient restés dans le néant de la non information, mais ce n'est pas ton style. Tu aimes savoir le fond des choses même si cela pourrait être comme une révélation pour toi. Tu sais que peut être tout sera mis sur le folklore qui entoure la ville depuis des décennies, depuis trop longtemps pour que ses sottises soient véridiques. Mais peut être que tu vas devoir mettre de l'eau dans ton vin pour pouvoir avaler cette couleuvre, tu ne saurais dire. Quoiqu'il en soit, voilà quelques jours que tout cela s'était déroulé et tu voulais en avoir le coeur net, sans que cela ne devienne pour autant une obsession, ce serait simplement un fil rouge. Et ce fil rouge prenait de l'épaisseur avec la vue d'Alaïs Penrose dans le magasin de musique. Qu'est ce qu'elle faisait là ? La même chose que toi sans doute alors tu tentais une approche discrète, tranquille. Est ce qu'elle fonctionnerait ? Tu ne saurais dire, tu n'es pas du genre à te montrer trop insistante mais le hasard faisait bien les choses, n'est ce pas ? Est ce qu'elle a seulement envie d'en parler ? C'est fort possible que non malheureusement et si c'est le cas, tu ne feras pas de vagues, tu veux avant tout prendre des nouvelles de ton amie avant d'être la journaliste potentiellement un peu lourde avec ses question. C'est comme ça que ça fonctionne pour que ça aille dans le bon sens, n'est ce pas ? Tu n'es pas la personne la plus proche de la blonde quoiqu'il en soit, mais tu peux prendre de ses nouvelles, ça ne coûte pas grand chose et si le sujet arrive sur la table tu en profiteras, sinon, ce sera pour une autre fois. Il te faudrait parler avec Zach aussi mais il semble introuvable, injoignable étrangement. Mais Alaïs te sourit simplement, sans en faire plus à vrai dire, elle ne mord pas à l'hameçon, et tu comprends le pourquoi du comment. La presse doit la poursuivre depuis un petit moment, mais tu n'es pas comme tous les autres, tu ne veux pas la harceler d'une quelconque façon, sinon, tu aurais pu faire le pied de grue devant sa demeure ce qui n'est pas le cas. C'est juste que là, tu la rencontres pas hasard, et que tu aurais voulu profiter de l'occasion. Tant pis, même pas un petit " Bonjour, comment ça va ? " rien de tout ça, elle a fuis volontairement le contact. Elle passe en caisse et tu prends quelques instants de plus pour choisir ton vinyle. Tu ne sais pas où est ce qu'elle est allé, mais peu importe. Tu te rends dans le salon de thé juste à côté pour te prendre un petit cappuccino avec une petite viennoiserie, rien de fou et tu la vois qui arrive à son tour. Cela te fait sourire.

" Je doute que ce soit la faute de l'univers Alaïs. Je viens de me prendre un cappuccino avec une viennoiserie, je comptais rester quelques instants si ça te dit qu'on discute deux minutes, mais si tu ne veux pas, je comprendrais. "

Tu ne forces pas les choses, tu ne la forces pas, elle est libre de se soustraire à ta présence une fois de plus aujourd'hui, même si tu penses que le dicton jamais deux sans trois risque alors de s'appliquer.